Le long travail de la stéatite, oeuvre millénaire.

 

Au tout debut, il y a la pierre, extraite du plus profond de la terre... Puis, je la reçois... Elle est là, bien là, à l'air libre, en Bretagne.

Brute, opaque, massive, elle est déjà surprenante par sa beauté magique et attirante. " tout bloc de pierre, a dit Michel Ange, recèle une forme qu'il convient de libérer ".

L'excitation me gagne et pourtant je veux l'observer... Attendre, le temps n'existe plus... Des regards circulaires, des caresses visuelles puis tactiles et le déclic viendra; je le sens déjà. Il me permettra de commencer sur cette pierre, mon propre travail c'est-à-dire transformer mes colères, mes souffrances, mes fantasmes mais aussi mes joies et mes désirs en création pure.

Piolet, gradine, marteau et la voilà prise au piège mais non, elle est consentante et je suis bien! Quelquefois pourtant, elle se cabre et se casse sans prévenir mais qu'importe, il y aura transformation et assemblage. Après ces outils lourds, viendront la râpe, l'eau, le polissage, la râpe, l'eau, le polissage... encore et encore.

Et surprise, elle est toujours là, dans mon atelier, transfigurée, gracile, fragile. Elle dévoile la surprenante beauté de sa matière, de sa couleur et pour la forme, tout comme moi, je vous demanderai de tenter de l'apprécier et peut-être de l'aimer.

Ce travail est le mien.

La stéatite est l'oeuvre de la nature.

Odile V.